Notice publiée dans Un ciel tout vert, cat. exp., Jérôme Poggi (Paris), 2019, p. 94 & en ligne.
Les peintures syncrétiques de Paul Mignard revisitent le genre du paysage depuis les profondeurs de la psyché et du temps. Explorateur de la conscience élargie, son univers se nourrit de para-sciences telles que l’alchimie et l’astrologie, de même que l’étude anthropologique de traditions orales et mythologies ancestrales ancrées aux quatre coins du monde. La dimension rituelle forte de sa pratique rompt avec les canons occidentaux contemporains. Travaillant au liant acrylique, il tamise ou souffle des pigments, des poudres de métal et des paillettes directement sur la surface non tendue de ses toiles, parfois imprimées au préalable et toujours exposées sans châssis. Ses compositions aqueuses colorées déplient des palimpsestes visuels qui évoquent des cartes occultes, reliant des motifs empruntés au corps humain et à la nature à divers symboles ésotériques, formes géométriques et reproductions partielles de textes anciens – notamment des idéogrammes et pictogrammes. Profondément inspiré par les doctrines taoïstes, Paul Mignard suggère ainsi la transformation réciproque de l’être et de son environnement à travers la description de paysages mentaux, dans lesquels le présent et le passé, le réel et l’imaginaire, ou encore le sacré et le profane ne sont pas séparés mais irrévocablement connectés.